Histoires inspirantes

KORALIE

photo EMFM-Koralie

« J’ai toujours eu de la difficulté à l’école. Mon TDAH a longtemps été un obstacle important envers mes perspectives d’avenir. Mais maintenant que j’adore ce que je fais, je réussis! J’ai vraiment l’impression d’être à la bonne place. »

Diplômée en santé, assistance et soins infirmiers

Retrouver sa fierté sur les bancs d’école

 

Quand on demande à Koralie si elle garde de bons souvenirs de ses études à l’école secondaire, elle sourit et pense tout de suite à ses amis. « Et les cours, c’était comment? » Son visage se rembrunit. Elle se remémore ses cinq années d’acharnement intense, où la peur de redoubler un niveau occupait constamment sa tête. Cinq années à se dire qu’il y a forcément quelque chose qui cloche pour que les études soient si difficiles. Cinq années à endurer le jugement des professeurs qui la trouvent turbulente. Cinq années à se demander si sa vie sera normale un jour.

Puis, un beau jour, durant son secondaire 5, le diagnostic tombe : TDAH.

 

Une élève distraite, mais assidue

 

Au secondaire, Koralie n’obtenait pas de bonnes notes dans son bulletin. « Mes professeurs ont longtemps pensé que j’étais une petite délinquante, que je ne voulais juste pas faire mes devoirs », raconte-t-elle. L’étudiante l’avoue sans gêne : elle était dissipée durant ses cours. Elle dérange les autres, mais est aussi dérangée et déconcentrée par le bruit des crayons, les discussions, les déplacements dans la classe et même la respiration des autres élèves. « Je n’étais juste pas là! »

À la maison, son attitude est tout autre. Elle travaille intensément pour comprendre les notions à l’étude. Sa mère lui donne un coup de main et tente de l’encourager du mieux qu’elle le peut. Toutes deux croient que Koralie a un trouble de l’attention. Toutefois, sans diagnostic établi, rien ne bouge. Aucune mesure n’est mise en place pour aider l’étudiante.

 

Une intuition qui se confirme

 

Alors que son parcours au secondaire s’achève, Koralie entre dans une mauvaise passe. Elle sombre dans la dépression avec un trouble anxieux généralisé. Prise en charge par le système de santé, elle rencontre plusieurs spécialistes qui en arrivent au même diagnostic. L’intuition de la fille et de sa mère était la bonne : Koralie est atteinte d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Une grande colère l’envahit. « Toute ma vie, j’ai essayé d’avoir un diagnostic précis. C’est arrivé tellement tard, je trouvais que j’avais perdu du temps de qualité… Et surtout, que j’avais raison depuis le début! », confie Koralie.

Déterminée à poursuivre son parcours scolaire, elle s’inscrit au cégep en sciences humaines. « Ça ne marchait pas! Au secondaire, c’est supervisé. Il y a la cloche, et les professeurs qui sont là pour t’encadrer. Au cégep, c’est libre. Les profs s’en foutent que tu sois présente à tes cours ou pas » précise-t-elle. L’aventure durera deux mois.

 

Guérir son rapport aux études

 

Son meilleur ami, qui complète un programme en charpenterie, lui parle alors des diplômes d’études professionnelles. Koralie n’avait jamais considéré cette option, pensant que les choix de profession y étaient très limités.

La mère de Koralie a su transmettre son amour du métier à sa fille.

En fouillant un peu plus sur le sujet, elle prend connaissance du programme Santé, assistance et soins infirmiers à l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal. Sa mère et sa marraine sont toutes deux infirmières. Elle se rappelle d’ailleurs ces moments heureux, où, enfant, elle accompagnait sa mère au travail et passait du temps au poste des infirmières. Pour en apprendre davantage sur cette vocation, Koralie sonde sa mère. Cette dernière l’enivre en lui racontant ses journées et ses rencontres avec les patients. Sa fille tombe en amour avec le métier.

Koralie doute cependant de ses capacités à retourner sur les bancs d’école. Sera-t-elle capable de suivre ses cours? Elle s’inscrit malgré ses doutes. « Dans ma tête, c’était impossible que je sois acceptée. Je n’avais pas confiance en moi. »

Quelques semaines passent, puis un jour, elle reçoit un courriel. « J’ai relu trois fois le courriel avant de réaliser ce qui se passait. » Pourtant, c’était bien écrit, noir sur blanc : « Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous êtes acceptée dans le programme. » Elle s’est mise à crier, à pleurer. Elle appelle sa mère et tente de lui expliquer, entre deux sanglots de bonheur, qu’elle deviendra infirmière, elle aussi.

 

Reprendre foi en ses capacités

 

Égoportrait de Koralie qui s’apprête à commencer sa journée de travail.

Les cours commencent et Koralie est passionnée par toutes les nouvelles choses qu’elle apprend. « Je n’avais jamais pensé que je pourrais avoir 100 % dans un examen », s’exclame l’étudiante. Elle constate que le fait d’aimer les sujets de ses cours l’aide beaucoup. « J’ai maintenant envie de tout savoir, de tout apprendre. »

L’organisation du programme plaît énormément à la jeune étudiante. Divisés par compétences, les différents modules lui permettent de se concentrer pleinement sur un sujet pendant une période précise et de le maîtriser. « C’est vraiment le meilleur des mondes pour moi! » Koralie se sent bien : elle est comprise par son entourage et constate toute l’agilité cérébrale dont elle est capable. « Tout ce que je pensais que je n’étais pas, ben câline, je le suis! », dit-elle en riant.

Koralie a maintenant complété tous ses cours et est actuellement en stage. Déjà, elle dresse un bilan positif de son expérience. Faire un DEP lui a redonné de la confiance et lui a permis d’acquérir une tonne de nouvelles connaissances. « De savoir que je suis bonne, ça a peut-être l’air nono, mais ça change tout pour moi. Exceller dans quelque chose, c’était difficile avant. Et là, c’est de la science, pis je suis capable de le faire! », raconte fièrement la stagiaire.

 

Sur son X

 

En attendant de terminer ses stages, Koralie est préposée aux bénéficiaires. Cette expérience lui confirme qu’elle souhaite vivement travailler dans ce milieu. « Je le sais que c’est ça que je veux faire de ma vie. C’est beaucoup plus qu’une job. Tu ne fais pas ce métier pour l’argent. Tu le fais parce que tu l’as dans le sang », explique-t-elle. Oui, les journées sont longues, éprouvantes et stressantes, mais son désir d’aider les gens surpasse tout.

Le DEP a permis à Koralie de croire en sa réussite. Elle convoite maintenant la pratique d’un métier qu’elle aime et avec lequel elle espère faire une différence dans la vie des autres. Elle aimerait se spécialiser en psychiatrie, et travailler plus précisément dans l’aile jeunesse. « Tout ce qui a rapport au cerveau, ça m’intéresse. Avec mon TDAH, des expériences négatives, il y en a eu. Mon vécu va m’aider à comprendre les jeunes et à tisser des liens avec eux. »

Contrairement à la jeune Koralie qui ne savait pas trop ce que l’avenir lui réservait, la voilà maintenant convaincue de pouvoir s’épanouir fièrement.