Histoires inspirantes

ARLINA

« Quand tu as un enfant, tu dois vivre tout en t’assurant de lui offrir une qualité de vie. C’est la présence de ma fille Mélina qui m’a poussée à faire un 360 degrés sur moi-même et à entamer pour une troisième fois un programme d’études. »

Diplômée en secrétariat juridique

Droit devant

 

Comme le dit l’expression populaire, il faut parfois reculer pour mieux sauter. Amorcé en République dominicaine, le parcours scolaire d’Arlina est loin d’être linéaire, les aléas de la vie l’ayant menée à se remettre en question à plusieurs reprises. Parfois même jusqu’à retourner à la case départ. C’est le désir de conjuguer une carrière passionnante à un sain équilibre de vie pour elle et sa fille qui l’a motivée à faire des études en secrétariat juridique. Peu importe les hauts et les bas que la vie lui réserve, Arlina regarde droit devant.

 

Entre ici et ailleurs 

En immigrant au Canada avec sa famille à l’âge de 17 ans, Arlina s’imaginait poursuivre son parcours scolaire ici au cégep avec, comme corde à son arc, des connaissances linguistiques en espagnol, en anglais et en français. Un très bel atout quand on décide de poser ses valises dans un nouveau pays. Mais s’adapter à une nouvelle vie peut être plus difficile que prévu. Le choc culturel sera si fort qu’il la poussera à retourner chercher un peu de réconfort dans son pays natal à plusieurs reprises, laissant moins de temps à consacrer à sa nouvelle vie ici. Cette réalité teintera sa première expérience scolaire en sol canadien.

 

S’éveiller à de nouvelles opportunités

À l’image d’une de ses sœurs qui cumule plusieurs métiers, les projets se bousculent dans sa tête. Rien n’est assez concret pour qu’Arlina puisse clairement définir le chemin à prendre pour son avenir professionnel. Elle débute dans le monde du travail en se faisant la promesse de reprendre ses études 3 ans plus tard, le temps de réfléchir à la suite. Assez longtemps pour goûter à l’autonomie financière, mais réaliser du même coup qu’elle aspire à plus. ​​« Exactement 3 ans plus tard, je remettais ma démission, c’était au mois de janvier. » Promesse tenue, elle met tout en place et entame un DEP en secrétariat à l’École des métiers de l’informatique, du commerce et de l’administration de Montréal (EMICA). Elle travaille en parallèle à titre de secrétaire médicale : un double tremplin qui lui permet d’apprendre son métier tout en perfectionnant son français. Elle bénéficie d’un salaire profitable tout au long de ses études et des possibilités d’avancement à l’obtention de son diplôme.

Son métier d’avenir, elle l’avait enfin trouvé. Et ce, grâce à une cousine qui l’avait initiée au secrétariat juridique en 2015, elle-même employée au Palais de justice de Montréal. Arlina a eu la chance d’accompagner un juge de l’avant à l’arrière-scène, le temps d’une journée, l’une des plus marquantes dans son cheminement de carrière.

 

Photo du palais de justice de Montréal
Palais de justice de Montréal

 

Redoubler d’ardeur

En plein parcours scolaire, une nouvelle vient chambouler la suite des choses : la jeune femme attend un bébé. N’étant pas prête financièrement à assumer cette nouvelle responsabilité, obtenir son diplôme lui apparaît crucial, mais la grossesse apporte son lot de difficultés et des complications la forcent à être hospitalisée et à prioriser à tout prix sa fille à naître. À contrecœur, elle prend la décision d’arrêter ses études.

Toujours aussi ambitieuse, Arlina hésite à la fin de son congé parental : reprendre ses cours où elle les a laissés, recommencer son programme ou changer complètement de branche. Malgré tout ce qu’implique sa décision, elle choisit de faire table rase et de recommencer ses études en secrétariat. Un élan brusquement freiné par l’éclatement de la pandémie mondiale. Cette pause scolaire forcée ainsi que les risques liés à la COVID-19 sur son lieu de travail replongent l’étudiante dans ses questionnements au sujet de l’avenir. Arlina a, à ce moment-ci, toutes les raisons de baisser les bras et d’abandonner pour de bon. Mais pour sa fille et elle, ce n’est pas une option.

 

Pour l’amour de sa fille

Quand tu as un enfant, tu dois vivre tout en t’assurant de lui offrir une qualité de vie. C’est la présence de ma fille Mélina qui m’a poussée à faire un 360 degrés sur moi-même et à entamer pour une troisième fois un programme d’études. », s’exprime-t-elle. Jamais deux sans trois! Cette fois-ci, elle se lance une fois pour toutes et complète un DEP. Coup de circuit : elle décide même de poursuivre ses études quelques mois de plus afin d’obtenir une ASP en secrétariat juridique. Une formation qui lui ouvre la voie vers des emplois plus spécialisés et mieux rémunérés, dans le domaine qui l’avait autrefois attirée.

 

Photo de type égoportrait d'Arlina et de sa fille
Arlina et sa fille Mélina

 

« J’ai grandi au sein d’une famille où mon père assurait le seul revenu et ma mère était responsable du foyer », explique-t-elle. En tant que femme monoparentale, Arlina se doit d’assurer la sécurité de sa fille ainsi que la sienne, en plus d’évoluer loin du modèle familial qu’elle avait toujours connu. Beaucoup de pression sur les épaules de cette jeune mère qui redoute qu’un travail en lien avec la justice vienne ébranler son équilibre travail-famille.

L’entourage joue un rôle sacré dans le retour aux études. En plus de pouvoir compter sur l’importante soutien de sa mère durant sa formation, une enseignante fait comprendre à Arlina qu’elle possède tous les atouts nécessaires pour réussir en secrétariat juridique. À peine ses études complétées, elle saute à pieds joints dans la profession : « J’ai terminé en mars un ASP en secrétariat juridique et je travaille depuis en cabinet d’avocats, plus spécifiquement en droit du travail. Malgré l’idée préconçue que j’avais du domaine, les conditions de travail sont bonnes et je peux y trouver un équilibre de vie qui me convient. »

« Mon prochain projet : me spécialiser davantage en complétant un certificat en droit du travail l’année prochaine. Je sens sincèrement qu’en plus d’accomplir mon rôle de mère et de m’épanouir au travail, je suis une réelle source d’inspiration pour ma fille ! », confie-t-elle.

 

Arlina lors de l’obtention de son diplôme à l’EMICA.